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Cultiver la liberté intérieure

Dernière mise à jour : 17 janv.

2023, novembre/


Je me permets de vous partager une réflexion personnelle, sur la base de mon expérience pastorale : un témoignage.


Depuis plusieurs années, j'exerce un ministère de miséricorde spirituelle dans la spiritualité ignatienne. Dans différents groupes et formations, retraites et mouvements, j’accompagne des personnes sur un bout de chemin dans leur vie de foi pour favoriser la rencontre avec le Christ dans l’Esprit Saint. Ce ministère approfondit en moi, la compréhension de la vie de foi des gens que je rencontre. Mais les gens eux-mêmes approfondissent aussi en moi l’intelligence de l’Évangile. Je rencontre aussi des incroyants qui voudraient bien croire.


Je suis très fortement interpelé par ce que demande le pape lorsqu’il dit qu’il rêve d’une Église pauvre pour les pauvres, lorsqu’il appelle à accueillir, accompagner, discerner, intégrer les personnes comme membres du peuple de Dieu qui est l’Église. Cet appel à un discernement pastoral adulte dans la foi – qui suit le processus de mûrissement personnel au gré de l’histoire de chacun, là où il en est – veut faire confiance au travail de l’Esprit Saint et de la grâce, ainsi qu’à la croissance en liberté de la conscience des hommes et des femmes à la recherche de leur vérité existentielle. Il s’agit de personnes, il s’agit d’enfants de Dieu. Il s’agit de personnes qui cherchent à répondre à l’appel que Dieu leur adresse souvent au milieu d’une grande confusion, d’un grand isolement parce qu’il n’y a pas toujours quelqu’un, parce qu’il manque cruellement de points d’appui et d’écoute fraternelle pour discerner le chemin dans le brouillard et faire un pas en confiance, parce que tout ne va pas toujours bien, que tout n’est pas toujours facile ; parce que les enfants vont un chemin sans issue, qu’un mari tombe malade, meurt ; qu’un évènement passé revient sabrer la vie de manière incompréhensible ; qu’un conjoint a abandonné le foyer, et j’en passe.


Ce discernement a pour fondement la condition première – très modeste, à défaut d’être humble – de l’écoute. C’est peut-être là la première pauvreté à laquelle invite le pape. Écouter. Écouter avant de s’accrocher à la Loi. Se laisser enseigner avant d’enseigner. Se laisser atteindre et ne pas faire peser sur les épaules des gens un fardeau que nous voulons pas remuer du petit doigt.


Cette pauvreté est possible si la miséricorde de Dieu nous a rejoint, si nous avons été nous-mêmes écoutés, si nous avons reconnu la miséricorde qui œuvre en nous pour nous rendre capables d’écouter, d’accueillir, d’accompagner celui où celle qui dévoile sa situation de fragilité sur le chemin de la vie. Cela n’a pas toujours été mon cas. J’ai appris. Aussi de mes maladresses. Aussi de la grâce. Aussi des gens.


Cet exercice est exigeant, beaucoup plus difficile que la mise en pratique extérieure de la norme générale à toute situation singulière. C’est le travail du discernement.


J’en suis témoin : lorsque les conditions sont réunies au moment favorable pour celles et ceux qui acceptent d’entrer dans l’exercice de leur responsabilité - et parce que le temps de pouvoir le vivre est respecté -, ce chemin d’humilité qui regarde en face, avec confiance et avec courage, la vérité de sa vie à la lumière de la miséricorde, ce chemin est chemin de libération et d’intégration vers la liberté des enfants de Dieu - vers cette joie qui est la joie de l’Esprit qui crie « ABBA, Père ! »

Marc Passas cpcr

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