2024, juillet/ Un de mes frères religieux, ordonné prêtre en même temps que moi, a choisi cette parole tirée de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean pour son image souvenir : "quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller." (Jn 21, 18) Un professeur d'histoire de l’Église au début de son cours exprimait cette même dynamique du Mystère Pascal, disant que celui qui se met à la suite de Jésus est appelé à prendre conscience qu'il va être transformé. Il va changer. L'expression du pape François souvent citée des "périphéries" existentielles ne dit pas autre chose : la réalité du mystère de l'Alliance de Dieu avec les hommes et les femmes, les conduit à sortir de la logique du monde, de la trinité de l'esprit du monde : avoir, valoir, pouvoir. S'ils se laissent attirer par Celui qui devient, chemin faisant, leur centre de gravité, ils entrent dans le mouvement de la liberté intérieure, au travers des humiliations, vers l'humilité. Ils sont progressivement décentrés, désaxés d'eux-mêmes et de leur intérêt propre. Ça peut-être lent, long et bancal. Comme Jacob, ils restent boîteux de la rencontre avec le Seigneur (cf. Gn 32). C'est, selon les moments, plus ou moins violent. Une tension les habitent. Ils sont confrontés à l'injustice consciente ou inconsciente d'aveugles convaincus (et les disciples de Jésus peuvent l'être eux-mêmes aussi) aveugles qui, à en croire Jésus, le plus souvent, ne savent pas ce qu'ils font. C'est le chemin de l'amour. C'est le chemin de l’Église. Les exercices spirituels t'aident à garder le cap sur ce chemin.
Marc Passas cpcr