2024, août/
La vie quotidienne relue dans l’amitié avec Jésus en demandant à l'Esprit Saint sa lumière, fait naître en moi cette question.
Fraternité est un beau mot. Il parle à beaucoup. Il est rempli d’idéal évangélique, biblique, républicain, humaniste. C’est un mot presque trop abstrait à la différence de la réalité qu’il désigne et qui s’est plus d’une fois perdue entre mes indifférences, mes agacements, mes impatiences, mes peurs de l’étrange et de l’étranger, l’orgueil de mes pensées satisfaites, mes immaturités, mon manque d’écoute et de sagesse, mon rapport à la loi mal intégrée, mon égoïsme confortable. Je la vois aussi souvent perdue dans beaucoup de bruits de paroles par inconscience, inconsistance, lâcheté, manque de respect et puis encore, tant que j’y suis, par manque de cœur.
À l’occasion de mon dernier « post », une lectrice a demandé ce que j’entends par injustice. Il me semble, en tout cas en ce qui me concerne, que cette réalité s’enracine dans ce que je viens de décrire. C’est sans doute pour cela que ce mot fait lui aussi partie des mots difficiles à employer. Il est au moins aussi gros que le mot fraternité, apparemment même plus gros ou plus fort. Sa réalité est dérangeante, violente, frustre, tachée de sang, mêlée de souffrance, de trouble, de pauvreté, d’ignorance. Lorsqu’elle vient au jour, nous savons combien elle est aussi bruyante qu’elle a été soumise au poids de l'incohérence, du cynisme, de la perversité et banalement passée sous silence. Et encore, elle n’est pas toujours reconnue comme telle, elle peut être mise en doute, suspectée.
L’approche que nous en avons est déformée et déformante, au point que l’on puisse entendre dire de manière désabusée et lointaine : « eh oui, c’est bien humain ». Il faut plutôt dire : c’est inhumain. Ce qui est humain, c’est se faire proche de façon à répondre par des actes au commandement de Jésus : Va, et toi aussi fais de même. (Lc 10,37) Jésus dit encore ces paroles qui en sont comme des synonymes : Va et ne pèche plus. (Jn 8,11) Et aussi : Va annoncer à mes frères… (Jn 20,17) Cette annonce passe par la miséricorde reçue, vécue, offerte. Ce qui est humain, c’est être frère, sœur.
Marc Passas cpcr
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