
La communauté
Charisme, spiritualité, mission des Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi
articulée avec l'expérience de la rencontre du Christ par le Père Vallet

S’ils n’ont pas pour objet principal et unique (d’où sortira tout le reste) de porter au monde, avec la grâce de Dieu, l’amour unitif auquel aspirait le Cœur de Jésus, et cela avant que le monde finisse, ils n’auront pas réalisé le but de leur création.
P. Vallet, Journal spirituel 144,
22 février 1928



Les Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi et leur fondateur, le Père Vallet

Quelques dates clés
1883
Enfance et jeunesse
Troisième de dix enfants François de Paule Vallet naît le 14 juin en Catalogne espagnole. La famille change souvent de lieu de résidence, inaugure diverses maison que le père, à la tête d’une entreprise, a construites et qu’il s’efforce de vendre l’une après l’autre. Ce va-et-vient dans l’ambiance dans la vielle de Barcelone du début du XXème siècle marque la personnalité du jeune Paco, diminutif du Francisco. Enfant enjoué, communicatif, pieux, très sensible, il aime ce qui est beau. Attiré par la musique et la littérature, il compose, écrit sans avoir acquis de formation particulière.
Jeune homme au cœur généreux, intelligent et droit, aimant la vérité, il fait servir ses qualités : la politique l’intéressent énormément, les problèmes sociaux le font souffrir.
1903
Crise existentielle
Période difficile pour l’étudiant ingénieur : manifestations, grèves, mécontentement généralisé font nourrir en lui comme en beaucoup le désir de tout renouveler.
Pris par les courants de pensées et d’actions politiques d’alors, il entre dans une profonde crise de foi. Il se sent frustré, vide, insatisfait. Déçu sur tous les terrains, il ressent un impétueux besoin de solitude, de silence, une certaine attraction pour l’oraison et la contemplation.
1907
Découverte des Exercices spirituels
Le 25 février 1907, il commence une retraite suivant les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Cela se passe à Manrèse ou presque quatre siècles plus tôt, Ignace avait vécu une rencontre avec le Christ. Qu’arrive-t-il ? « Dans ce lieu sanctifié par un héros, j’ai trouvé la mort, une mort douloureuse, mais à partir d’elle ma foi a ressuscité. Les Exercices m’ont ressuscité à la vie de l’Esprit ».
Il comprend que la Pentecôte continue. Il entend que Dieu l’appelle à être un instrument au service de ses frères. Mais comment faire ? Renonçant à sa carrière d’ingénieur et à un avenir prometteur, il entre au noviciat des Jésuites à Gandie (Valencia). Dès qu’il peut, il fera part de sa conviction et sera le promoteur zélé de retraites fermées prêchées par les pères Jésuites dans les bourg proches de Gandie.
1920
Compagnon de Jésus missionnaire
Ordonné prêtre le 26 juillet 1920n il célèbre sa première messe le 31 juillet, fête de saint Ignace. Il a 36 ans. Il doit sa conversion aux exercices ignatiens. Il va s’en servir pour réaliser un plan d’apostolat dans toute la Catalogne.
Les campagnes de retraites
Dès février 1923 et pendant cinq années, plus de 12500 hommes peuvent vivre l’expérience de la retraite ignatienne ; pour eux et avec eux, le père Vallet fonde en Catalogne l’Œuvre des Exercices Paroissiaux. Absorbé par tous, brûlé par son zèle missionnaire, il voit sa santé chanceler. Ses supérieurs lui impose un temps de repos prolongé à Veruela (Saragosse). C’est là qu’il reçoit l’inspiration de fonder la Congrégation des Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi.
1928
Fondateur
Le 3 mai 1928, il quitte la Compagnie de Jésis qu’il aimait comme sa Mère, afin d’entreprendre la fondation. Sa douleur est immense. Accompagné, conseillé dans son discernement, il ne frnachit c epas décisif que pour répondre au nouvel appel de Dieu.
1929 – 1932
En Uruguay
A Rome, il rencontre un prélat du diocèse de Salto (Uruguay) qui s’intéresse à lui et à sa mission. Le 5 juin 1929, il s’embarque à Barcelone avec ses premiers compagnons. Une ancienne propriété aux abords de la ville de Salto est trouvée depuis laquelle va se déployer une labeur apostolique très important pour ce prédicateur, pratiquement seul et malade. Aucune vocation ne venant, il lui est conseillé de rentrer en Europe afin d’y trouver de nouveaux horizons pour la fondations.
1933
En France
C’est en France, au diocèse de Valence, que la Providence le conduit. L’évêque, Mgr Camille Pic, l’accueille et facilité l’installation de la petite communauté à environ 10 km de Valence, à Chabeuil. Une ancienne usine va devenir la plate-forme de lancement d’un ministère difficile mais fructueux pour lequel il a un charisme unique. Des vocations viennent d’Espagne, puis de France, des vocations de prêtres déjà formés qui presque immédiatement collaborent à la prédication des retraites.
1943
Naissance des Coopératrices Paroissiales du Christ Roi, le 31 octobre 1943
1945
Retour en Espagne
La deuxième guerre mondiale sévit sur la France. Les difficultés deviennent insurmontables pour le père Vallet. Il rentre en Espagne, à Madrid. A nouveau providentiellement accueilli, il recommence : retraites, prédication en paroisses, à la radio… A la fin de l’année 1946, un terrain est acquis à Pozuelo de Alarcón, village voisin de la capitale espagnole.
1947
Mort
Il meurt le 13 août 1947 alors qu’il donnait une retraite à des religieux enseignants. Une vie s’achève mais la grâce donné à l’Église porte encore du fruit.
Porter aux perdus1 la consolation2 est la mission de Jésus. La Résurrection lui donne d'être présent à tous les moments du temps, sans dépendre de la continuité de l'espace, pour rejoindre ses perdus. Dans la puissance de l'Esprit Saint, l'Église est plongée par le baptême dans cette action divine pour témoigner de la consolation du Ressuscité et l’annoncer aux perdus. Le pape François rappelle qu'elle porte cette Joie de l'Évangile3 pour eux. Porter aux hommes4 perdus la consolation du Cœur de Jésus est la mission confiée aux Coopérateurs et aux Coopératrices. Ils sont héritiers par leur fondateur, le Père François de Paule Vallet, des deux grandes dimensions de la spiritualité jésuite, la consolation et l'action5. Le Père Vallet fut l'un de ses perdus que le Christ a rejoint au cours d'une retraite avec les Exercices spirituels. Tout au long de sa vie, dans la conscience de son péché, il a été saisi et consolé par la Miséricorde divine et envoyé pour leur porter la consolation du Cœur de Jésus. Sa réponse missionnaire si active à l'appel du Roi6 ne se comprend vraiment que dans cette lumière. L'action missionnaire, modeste à l'échelle de l’Église mais néanmoins forte, des Coopérateurs et des Coopératrices, y trouve elle aussi sa source. Elle s'exprime dans le désir d'étendre avec Jésus le Royaume de Dieu - première dimension du charisme des Coopérateurs7 - qui se manifeste dans ce que l'on peut appeler sans trop se tromper, une pastorale orientée par l'option préférentielle pour les perdus8. Le Père Vallet exprime la raison d'être de la mission de ceux et celles, Coopératrices et Coopérateurs, retraitants et retraitantes, qui lui ont emboîté le pas dans cet appel : Porter au monde, avec la grâce de Dieu, l’amour unitif auquel aspirait le Cœur de Jésus. Car Jésus veut consoler chaque perdu de cette blessure de la séparation de Dieu et de l'amitié des frères. Il veut les consoler en les unissant à cet amour : voici une deuxième dimension du charisme9, aspiration du Cœur de Jésus à laquelle sont appelés les Coopérateurs et les Coopératrices et qui les fait travailler aux œuvres spirituelles de miséricorde pour que tous soient uns (Jn 17, 21). La vérité de l'existence est dans cet amour unitif de Dieu dont vit Jésus et dont il témoigne devant Pilate jusque sur la Croix et dans sa résurrection. C'est un troisième aspect de notre charisme10 : Je suis venu ans le monde pour rendre témoignage à la vérité, répond Jésus à Pilate (Jn 18, 37). La vérité du règne du Ressuscité se manifeste dans cette consolation lorsqu'un de ses perdus pour lesquels il a donné sa vie le rencontre et éprouve la consolation de la miséricorde débordant de son Cœur. C'est ainsi que le Christ édifie l'Église, son Corps, duquel nous disons vouloir qu'il grandisse et que nous diminuions. C'est le dernier aspect de notre charisme11. Ainsi nous faisons nôtres les paroles de Jean le Baptiste parce que l'Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain12. En ce sens, nous participons de la mission du Précurseur car être précurseur, c’est fondamentalement rendre l’annonce possible13 et faire découvrir à chacun qu’il a au fond de lui une parole qui peut résonner. C'est ce qui fait notre joie. La consolation cordiale et royale du Christ Ressuscité est offerte à chacun des disciples (Jn 13, 25) Ainsi ils reprennent souffle14. Elle a saisi le cœur de notre fondateur, elle a aussi saisi les nôtres pour les bien-aimés que Dieu a perdus. Nous voulons leur en témoigner, nous voulons la leur annoncer. Marc Passas (CPCR) 1 Cf. Lc 15 2 Cf. Exercices spirituels 224 3 Pape François, La Joie de l'Evangile, 2013 4 Constitutions 17 - il s'agit des vir, des personnes de sexe masculin ; Documents du VIIIème chapitre général, Déclaration Jeter les filets, 2003, (ce document élargit le champ apostolique aux familles). 5 L'expression est de Guilhem Causse sj, en référence à celle de Jérôme Nadal "contemplation et action" (cf. Guilhem Causse, Consolation et action, la spiritualité jésuite pour aujourd'hui, éd. Taillandier, 2019, p. 17 : "la contemplation n'est pas d'abord le fait de prier ou de regarder avec émerveillement, mais une attitude de réceptivité à l'action de Dieu, attitude à vivre aussi bien dans la prière que dans le service des frères. L'action est la manière dont l'homme se joint à l'activité divine, dans la louange et le service. Et notre première et fondamentale expérience de cette activité divine est ce qu'Ignace appelle la consolation. Ainsi, la consolation est ce qui porte à et dans l'action." 6 Cf. Exercices spirituels 91 7 Constitutions 1 8 J'emprunte cette expression à Hugues Jeanson, ancien curé de la paroisse Saint Nizier à Lyon. 9 Constitutions 2 10 Constitutions 4 11 Constitutions 3 12 Deuxième Concile du Vatican, Constitution Lumen Gentium 1. 13 Cf. Texte national pour l’orientation de la catéchèse, p. 65 La pédagogie d’initiation est d’abord une attitude à développer et non une technique à apprendre. Il s'agit de « réunir les conditions favorables pour aider les personnes à se laisser initier par Dieu qui se communique à eux. » 14 cf. Le sens du mot consolation trouve son origine dans l’Ancien Testament, en 587 av. J.-C., quand les Juifs sont déportés à Babylone (cf. Livre des Lamentations où s’exprime ce cri : Pas de Consolateur ! ). Le peuple fait alors l’expérience de quelque chose de proche de l’absence de Dieu alors qu’il est le peuple élu. L’annonce de la libération par Cyrus lui donne de vivre comme un nouveau passage de la Mer Rouge. De cette expérience spirituelle forte, ils vont inventer un terme à travers la racine NHM qui signifie respirer ou permettre de pousser un profond soupir de soulagement. cf. Nicolas Rousselot SJ, Consolation et désolation, l'expérience de la résurrection dans la spiritualité jésuite, éd. Jésuites, 2014
Porter aux perdus la consolation